Le portfolio est en voie de devenir un petit favori dans le milieu de l’évaluation. Voué à un avenir incertain de par sa difficulté d’implantation et son approche nouvelle, il est probablement l’une des meilleures formes d’évaluation en continu. Pour bien comprendre les objectifs du portfolio, il faut d’abord savoir différencier les formes qu’il prend et nuancer ses visées.
De façon générale, le portfolio vise à « rassembler ses meilleures œuvres afin de les montrer à divers interlocuteurs »[1]. Par ailleurs, il s’agit d’un outil fidèle et authentique de par sa nature significative. Significative, car pour créer un portfolio au sens pédagogique du terme, il faut s’y investir et accepter de s’ouvrir à ceux qui le consulteront. Il s’agit d’une porte sur l’esprit de celui qui le crée, à condition de s’y investir et c’est probablement cette nécessité d’investissement, un élément hors du contrôle de l’enseignant dans une certaine mesure qui s’avère être l’une des limites du portfolio.
Les différents types de portfolio et leurs objectifs.
Dans un cadre éducatif, trois types de portfolio peuvent être intéressants à développer, mais tous ne partagent pas les mêmes objectifs éducatifs.¸
Le premier type vers lequel nous nous tournerons est le portfolio d’apprentissage. Ce type de portfolio vise à consigner les progrès d’un élève tout au long d’une séquence d’apprentissage donnée. Il permet d’ailleurs l’évaluation des compétences par le biais des productions issues des SAÉ vécues par l’élève qu’on y trouve. Pour ce faire, idéalement, le portfolio devrait comprendre, en plus des diverses productions, des réflexions personnelles de l’apprenant sur sa progression, ses forces, ses faiblesses ou en d’autres mots, des réflexions à saveur métacognitive qui lui permettent de s’autoréguler.
Le second type de portfolio qui peut nous être utile en milieu éducatif, c’est celui que l’on nomme le portfolio de présentation. Ce portfolio se construit des meilleures productions de l’élève en tout genre, il s’apparente, pour reprendre les mots de Durant et Chouinard, au portfolio artistique parce qu’il vise à démontrer l’expertise de son créateur dans un domaine. L’avantage de cette forme de portfolio c’est qu’il a un impact très positif sur la motivation de l’étudiant qui le crée et le valorise au niveau de ce qu’il peut atteindre. Il vise pour sa part à démontrer un niveau de performance quant à certaines compétences ou encore dans certains domaines extrascolaires. Par ailleurs, cet outil permet un certain degré de différenciation souhaitable dans les milieux hétérogènes que constituent généralement les écoles publiques.
Finalement, notre troisième type de portfolio en est une qui s’inscrit particulièrement bien dans l’esprit d’une école adaptée au XXIe siècle, c’est celui dit numérique (ou électronique). Exploitant par ailleurs les TIC, il peut rejoindre les objectifs des précédents modèles tout en possédant une capacité illimitée d’emmagasinement. Ce blogue (www.ledidacticien.wordpress.com) est un exemple de portfolio numérique aux fonctions diverses. Contrairement aux deux autres types présentés précédemment, il n’a pas de forme tangible et se prête bien à l’intégration de divers médias, mais empêche néanmoins l’expression de certaines manifestations (souvent de nature plus artistique).
Retour sur la question.
Dans un cadre éducatif, le portfolio qui se prête le plus à l’enseignement est sans doute celui d’apprentissage qui permet de confiner traces et preuves afin de juger d’une façon la plus valide et fidèle qui soit de la progression des apprentissages (compétences), car n’oublions pas que l’objectif de l’évaluation de la réforme est d’abord et avant tout d’être formative et d’aider à la progression de l’étudiant. Cette nouvelle perspective transforme le portfolio en outil idéal pour le milieu de l’éducation au secondaire (et pas seulement secondaire!), surtout dans un contexte d’évaluation des compétences. En stage 2, mon enseignant avait d’ailleurs mis sur pied un système de portfolio où les élèves, après chaque activité, confinaient leur production dans une chemise, elle-même rangée dans un classeur qui demeurait au sein de la classe. Ainsi, le portfolio devenait un outil de référence et de démonstration du développement de l’élève autant pour l’enseignant, la direction, l’élève et le parent. Une initiative à la fois ingénieuse et intéressante qui était à l’époque mon premier contact avec ce concept. L’important lorsqu’on met sur pied un portfolio est d’abord et avant tout de s’assurer de rendre significatif celui-ci afin qu’il ne devienne pas désuet au fil du temps. Certains enseignants font part des difficultés d’application de cet outil, mais moi je prône la persévérance quant à cette façon ouverte à la créativité et à la diversification.
[1] Durand et Chouinard, l’évaluation des apprentissages, p.210