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Le 29 mars dernier, Olivier Mottint publiait sur le site du Groupe de recherche sur la démocratisation scolaire (GRDS) un article qui a attiré l’oeil du didacticien : Faut-il renoncer aux pédagogies actives ?
Les sciences de l’éducation étant relativement jeunes, plusieurs paradigmes teintent autant les pratiques pédagogiques que les recherches en éducation. Du béhaviorisme au socioconstructivisme, en passant par le cognitivisme et les recherches en neuroéducation, il existe une vaste gamme de stratégies pédagogiques découlant de ces conceptions théoriques de l’apprentissage.
De toutes ces pratiques, deux paradigmes sont souvent opposés dans les débats : la pédagogie centrée sur l’élève (souvent dite active ou encore par projet) et celle centrée sur l’enseignant (souvent nommée magistrale ou encore explicite). Au-delà de ces débats souvent très polarisés, l’article de M. Mottint offre à notre avis une certaine piste de réconciliation entre ces deux approches avec ce que l’on pourrait nommer une pédagogie de la complémentarité. Nous vous invitons à lire l’ensemble de l’article, mais relevons quand même les quatre pistes de complémentarité proposées qui sont bien résumées dans le quatrième ajustement proposé par l’auteur.
Le quatrième ajustement que nous proposons est celui d’une distinction claire des temps scolaires. À côté du temps de l’apprentissage, très cadré, très guidé, très explicite, il nous semble indispensable que soit mis sur pied un « axe de l’implication dans le milieu » (Stordeur, 2004), durant lequel le but prioritaire n’est pas d’apprendre mais plutôt d’agir sur l’environnement, de s’ouvrir sur l’extérieur. Cet axe de l’implication dans le milieu est le temps du projet, des activités fonctionnelles, des activités plus globales, plus exploratoires et plus « utilitaires » ; c’est un temps durant lequel on utilise ce qui a été appris auparavant pour agir, pour produire, pour découvrir d’autres connaissances. Ces activités permettent aux élèves d’explorer un sujet particulier qui suscite leur intérêt, de mener à bien une investigation (individuellement ou en petits groupes), d’en présenter les résultats devant les autres, de réaliser un chef-d’oeuvre pédagogique… C’est donc un temps d’exploration, de découverte, durant lequel l’élève a l’occasion de partir à la conquête de connaissances, par lui-même, et de développer ainsi un rapport d’avidité et d’autodidaxie vis-à-vis du savoir, l’enseignant jouant alors un rôle d’accompagnateur. C’est aussi dans le cadre de cet axe que devrait s’inscrire la participation des élèves à des structures de cogestion, à des conseils, à des instances au sein de l’école. La mise en œuvre de ces « institutions » pourrait elle aussi être largement éclairée par l’histoire des pédagogies actives, et plus particulièrement par la pédagogie institutionnelle, qui en est issue.
En conclusion, un article qui vaut le détour. M. Mottint expose les faits avec justesse et sagesse, tout en nuances, en prônant une pédagogie active qui intègre les fondements de l’enseignement explicite afin de développer des compétences de tous ordres chez les élèves.
Article de M. Mottint ici : Faut-il renoncer aux pédagogies actives ?
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