Et si vous vous retrouviez dans votre propre salle de classe, mais dans la peau d’un de vos élèves, que penseriez‑vous de votre enseignant ? De son cours ? Seriez‑vous motivés ? Intéressés ? Développeriez‑vous votre potentiel de façon optimale ?
Après sept ans comme enseignant en science au secondaire, j’ai eu le loisir cette année de souffler un peu, de prendre le temps de réfléchir aux réponses que j’aurais données à ces questions lancées par Marc‑André Girard lors de l’AQUOPS à Québec[1]. Tristement, mais en même temps sans grande surprise, mes réponses auraient été : correct, non, non et non.
Je ne me considère pas comme un mauvais enseignant et je suis, somme toute, assez apprécié de mes élèves qui réussissent chaque année à passer au niveau suivant, mais je constate que mon style d’enseignement a été jusqu’ici plutôt traditionnel, car calqué sur celui que j’ai moi‑même reçu et, aussi, inévitablement adapté au matériel disponible lors de mon entrée en poste. J’y suis allé de quelques tentatives cette année : classe inversée, pédagogie active et apprentissage par résolutions problèmes, mais la rentrée 2015 sera l’occasion pour moi de flipper ma classe, mais surtout l’apprentissage de mes élèves.
Mon leitmotiv pour l’année 2015‑2016 : le moins d’enseignement magistral possible!
Pas que celui‑ci soit de facto inefficace ou condamnable, car je sais que je peux donner de bonnes leçons de manière traditionnelle, mais poursuivre dans cette voie me semble céder à la facilité. J’ai envie désormais de faire preuve de créativité, d’innover, en trouvant et en proposant des méthodes d’apprentissage différentes à mes élèves qui leur permettront surtout d’utiliser leurs savoirs. J’espère ainsi parvenir à véritablement développer leurs compétences disciplinaires et transversales en mettant l’accent sur l’acquisition active de connaissances et la mobilisation de celles‑ci dans la résolution de problèmes. Bref, je souhaite laisser le plus de place possible à la pédagogie active en ayant abondamment recours aux TIC. Il est possible de définir ce type de stratégie didactique dans laquelle « l’apprenant est placé dans une situation de démarche plus ou moins autonome où il a à construire ses connaissances, avec l’aide d’informations disponibles et souvent en interaction avec d’autres apprenants. » (INSA Toulouse, 2015)
J’aspire à rendre concrète cette approche en soumettant des situations d’apprentissage et d’évaluation (SAÉ), des ressources didactiques et des outils technologiques ainsi qu’en faisant le récit de mes classes de science.
D’ailleurs, pour ce premier billet, je vous présente une stratégie pédagogique et deux outils avec lesquels j’ai commencé à me familiariser en vue de la prochaine rentrée.
- La classe inversée
J’avoue avoir manqué un peu le bateau en ce qui concerne cette méthode d’apprentissage, n’ayant aucune idée de ce que cela impliquait avant cette année. C’est lors d’une formation avec Jean Desjardins que j’ai eu l’occasion d’en apprendre un peu plus sur cette méthode. Il s’agit, en termes simplifiés, d’inverser le traditionnel« j’écoute en classe et je m’exerce à la maison », par un « j’écoute à la maison et je travaille en classe ». Cela me permettra de mettre les élèves en situation, de mieux cibler leurs difficultés le cas échéant et de passer plus de temps en laboratoire et en atelier. Vous pouvez consulter mes capsules sur mon compte challengeu.
Je vous suggère deux lectures incontournables au sujet de la classe inversée dans la section références.
- Challengeu (nom d’utilisateur : @maxime_quesnel)
Cette plateforme éducative de partage possède un fort potentiel (mon collègue Frédéric Yelle en a déjà vanté les mérites ici). Pour ma part, comme j’ai la chance de travailler dans une école qui passera à la version payante l’an prochain (quoique la version gratuite soit excellente aussi), je compte en faire mon principal mode de communication avec mes élèves en y déposant entre autres mes capsules vidéos pour la classe inversée, les consignes pour les travaux et des questionnaires formatifs.
- Classcraft (http://www.classcraft.com)
La ludification de l’apprentissage est un courant pédagogique qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Le Didacticien en a déjà traité (notamment ici) (voir la section sur les jeux sérieux). J’ai envie de ludifier ma classe et Classcraft semble le moyen le plus facile de s’initier à cette pratique. Cette plateforme fera par ailleurs l’objet de prochains billets, mais pour résumer, il s’agit d’un jeu virtuel qui se déroule en permanence en arrière‑plan de la classe et dans lequel chaque élève est représenté par un avatar. Le comportement en classe d’un élève influence directement son avatar qui peut dès lors voir son niveau grimper ou décroître, être doté de nouveaux pouvoirs et acheter de l’équipement. Il s’agit donc d’une ludification de la gestion de classe ou système d’émulation basé sur le jeu vidéo. À suivre, assurément.
Et vous, quels sont vos objectifs pour la rentrée 2015-2016 ?
[1] Je n’ai pas assisté à la conférence personnellement. Les questions que je formule ici proviennent d’une discussion sur Twitter qui a suivi la conférence de M. Girard.
Références
Institut international des sciences appliquées de Toulouse (INSA). « Apprentissage actif », [En ligne] http://enseignants.insa-toulouse.fr/fr/ameliorer_mon_cours/des_pedagogies_actives/apprentissage_actif.html (18 avril 2015)
Bergmann, J. et Sams A. (2015). Apprentissage inversé. Montréal, Québec : Les éditions Reynald Goulet inc.
Bergmann, J. et Sams A. (2014). La classe inversée. Montréal, Québec : Les éditions Reynald Goulet inc.
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