L’aventure Classcraft

Classcraft

Qu’est-ce que Classcraft? Sommairement, Classcraft est une plateforme ludique dans laquelle l’enseignant est le maitre du jeu alors que les élèves incarnent des personnages divers (mage, guerrier, guérisseur). Ce jeu se déroule en arrière-plan des leçons habituelles, et permet d’instaurer une gestion de classe ludique et personnalisée.

Contexte

Cette année, j’enseignerai à des élèves en difficulté ainsi qu’à des élèves en option sport. Ce qui veut dire, des TDA, des H et des élèves sans aucune de ces lettres, mais avec beaucoup d’énergie. Étant un jeune enseignant, je n’ai pas tout à fait trouvé mon système (certains diront mon style) de gestion de classe. Chose certaine, je veux développer chez mes élèves l’entraide, le respect, l’autonomie et le jugement, tout ça dans une saine dynamique de classe. Comment y arriver?

J’avais déjà entendu parler de Classcraft, mais je m’étais dit qu’il s’agissait d’un outil typiquement béhavioriste qui camouflait un système traditionnel de récompenses/conséquences derrière une couche graphique attrayante pour l’élève. S’il y a certainement un peu de ça (au premier coup d’œil), une discussion que j’ai eue avec un collègue (alias la deuxième moitié du Didacticien, @maxime_quesnel) m’a convaincue qu’il y avait moyen de faire plus avec cet outil que du conditionnement opérant.

L’adaptation du jeu à mes besoins

Cependant, certains éléments de Classcraft ne m’intéressaient pas particulièrement, j’ai donc décidé de (re)paramétrer ce qui me posait problème pour rendre le jeu cohérent avec ce que je voulais valoriser dans mes cours. Ce paramétrage a d’ailleurs été très facile à réaliser, car l’interface du logiciel a été pensée ainsi. J’ai renforcé tout ce qui portait sur l’entraide, la collaboration et le dépassement de soi dans les pouvoirs de personnage que pouvaient incarner les élèves, puis j’ai sélectionné des conséquences qui avaient, pour moi, une valeur éducative plutôt qu’uniquement punitive.

Lors de la première et de la deuxième étape, Classcraft servira de métastructure à mon cours. Un élève, plutôt que de me demander pour changer de place, d’écouter de la musique en travaillant ou d’avoir quelques minutes supplémentaires pour compléter un examen devra plutôt faire appel à ses compétences ou à celles de son équipe. S’il n’a pas ce qu’il faut, cela veut donc dire qu’il n’a pas atteint un niveau suffisant pour bénéficier d’un tel privilège. De plus, en tant que maitre du jeu, je me réserve le droit d’infliger des dégâts aux élèves qui feraient un mauvais usage de leur pouvoir ou qui enfreindraient les règles de classe. La capture d’écran qui suit décrit les pouvoirs que les mages pourront acquérir au fil du jeu en gagnant des niveaux grâce à l’expérience reçue.

Capture d’écran 2015-08-23 à 14.01.22Lorsqu’un élève enfreint les règles de la classe ou néglige les valeurs au coeur de celle-ci, il peut subir des dommages (déterminés par l’enseignant), jusqu’à ce qu’il tombe au combat (c’est-à-dire que ses points de vie atteignent zéro). Dans une telle situation, il doit affronter l’une des conséquences du livre des lamentations et toute son équipe en souffre (perte de 10 points de vie par tous les membres de l’équipe qui voit l’un de ses coéquipiers tomber au combat). Grâce à ce système, je mise sur l’autogestion des comportements par les membres de chaque équipe. Ils pourront utiliser leurs pouvoirs pour s’entraider et se parleront ou s’avertiront afin d’éviter que l’un d’eux ne tombe et cause leur perte.

Capture d’écran 2015-08-23 à 14.18.39

Lorsqu’une équipe se comporte bien ou qu’elle réalise une quête (ou, en langage pédagogique, lorsqu’elle atteint un objectif) elle gagne des points d’expérience qui font évoluer leur personnage et leur donne davantage de liberté et d’autonomie en tant qu’individu, mais aussi en tant qu’équipe au sein d’un groupe classe.

Globalement, je vois Classcraft comme un outil d’étayage. C’est-à-dire que sa présence est temporaire et qu’elle a pour objectif de soutenir l’apprentissage de comportements adéquats en classe (que puis-je faire, que m’est-il interdit de faire?), du jugement (quand puis-je faire cela? À quelle fréquence?) et de l’autonomie (dois-je vraiment demander la permission à l’enseignant?). Lors du début de la troisième étape, je compte revenir avec mes élèves sur l’aventure classcraft pour faire un débreffage de notre expérience et expliciter ensemble les objectifs d’apprentissage d’une telle expérience. Au terme de cette importante étape, je leur annoncerai qu’ils sont maintenant multiclasse, c’est-à-dire qu’ils ont accès à toutes les compétences de toutes les classes, tant et aussi longtemps qu’ils font preuve de jugement et qu’ils respectent les règles de fonctionnement du groupe.

Questions en suspens

Afin de présenter le fonctionnement de Classcraft à mes élèves, j’ai emprunté à Dominic Guay son excellente présentation Prezi sur le sujet que j’ai trouvé sur ChallengeU. J’avoue être très enthousiaste à l’idée de mettre Classcraft en place cette année et j’espère que mes élèves le seront tout autant. J’ai hâte de voir l’impact de ce jeu sur leur motivation ainsi que sur la dynamique du groupe. Seul le temps nous dira si cet outil me permet d’atteindre les objectifs que je me fixe en terme d’apprentissage d’attitudes et de compétences sociales. La véritable réponse ne pourra être formulée qu’au moment où le jeu prendra fin et que nous passerons à l’étape du multiclasse.

Pour ceux qui seraient intéressés à faire le saut, je vous propose de vous inscrire à l’aide de ce lien. En vous inscrivant à ce lien, vous bénéficierez de deux mois en version premium alors que je recevrai pour ma part un mois gratuitement. Les fonctions de base de Classcraft sont gratuites. C’est-à-dire qu’il n’est pas nécessaire de payer pour utiliser cet outil. Néanmoins, la version premium offre certains avantages et des fonctionnalités avancées, d’où l’importance de s’inscrire en utilisant le lien de référence d’un collègue (qu’il s’agisse de moi ou d’une autre personne).

Si vous avez déjà utilisé Classcraft ou d’autres outils du même genre (je pense entre autres à Classe Dojo), n’hésitez pas à me faire part de vos conseils ou de vos observations. Elles sauront nourrir mes réflexions et me permettront peut-être d’enrichir l’expérience que je ferai vivre à mes élèves. Élèves que je rencontrerai, avec un brin de stress et d’excitation, dans moins de 48h.

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6 réflexions sur “L’aventure Classcraft

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  3. Outre l’intérêt de cette analyse du dispositif en vue d’un usage en classe, j’apprécie la posture professionnelle dont elle témoigne. Puis-je me permettre deux questions? Tout d’abord, est-ce possible d’établir des liens avec les principes évoqués dans le cours de gestion de classe, question de voir s’il y a une transposition possible? Puis, quels seront les indicateurs que tu observeras pour réguler ton usage du dispositif? Deux questions qui semblent bien théoriques, mais qui sont directement liées au développement professionnel.

    • Merci pour le commentaire, il soulève deux bonnes questions.

      En ce qui concerne le cours de gestion de classe, je dirais qu’il y a probablement certains liens avec ce que l’on retrouve dans Vers une gestion de classe éducative. Classcraft nécessite de mettre « sur papier » les règles de classe ainsi que les conséquences associées à leur transgression. Donc, ça rend explicite pour l’élève lesdites règles qui régulent le fonctionnement du groupe. De plus, Classcraft vise à favoriser la collaboration, la corégulation et l’autorégulation des comportements de par son mécanisme. Si les élèves veulent acquérir plus d’autonomie (par l’intermédiaire des points d’expérience), ils doivent s’entraider (rappeler à un coéquipier de faire son devoir, lui venir en aide de sa propre initiative lors d’un exercice, lui prêter son cahier ou ses notes lorsque cela est nécessaire, etc.)
      Par ailleurs, c’est en quelque sorte un système d’émulation, donc ça stimule la motivation à bien fonctionner au sein du groupe et à participer aux activités et aux échanges. J’ajouterais finalement, à ce sujet, que Classcraft renforce aussi la cohérence au sein de la gestion de classe. Les élèves connaissent rapidement les règles à respecter (c’est dans leur intérêt et ces règles sont faciles à consulter), mais ils mémorisent aussi rapidement les compétences disponibles et ce n’est plus l’enseignant qui distribue les « permissions » (en tentant d’être le plus juste possible), car celles-ci dépendent des pouvoirs que les élèves ont acquis.

      Deuxièmement, par rapport aux indicateurs, j’en considère pour l’instant trois que je formule sous forme de questions.
      1) Le degré de motivation des élèves est-il moindre lorsque je n’attache pas de récompense (des points d’expérience ou des pièces d’or) immédiate à la tâche demandée?
      2) Les élèves développent-ils leur autonomie? Collaborent-ils en équipe Classcraft? S’entrent-ils pour éviter de tomber au combat? Prennent-ils le temps de vérifier entre eux leur compréhension d’une consigne ou d’un concept avant de s’en remettre à l’enseignant?
      3) Combien de temps Classcraft me demande? Est-ce que cela ajoute à ma tâche? Y a-t-il un gain d’efficacité à plus ou moins long terme?

      Un nouveau billet suivra dans les prochaines semaines pour faire le point sur ma première étape et mon expérience jusqu’à maintenant avec Classcraft.
      Au plaisir,
      Frédéric

  4. Pingback: Palmarès 2015-16 de mes outils numériques | LeDidacticien

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